Jeudi 3 mai :
La nuit à 2000m d'altitude n'a pas été des plus reposantes et nous sommes deux zombies quand nous nous extirpons de la tente ce matin. Petits yeux, organismes fatigués, les mots sont rares...
Après un petit-déj' habituel et une séance d'écriture de cartes postales, nous repartons dans le centre de Durango. Nous n'avons pas envie de rouler pour le moment et réservons nos forces pour la sortie de ce soir que nous attendons avec autant d'impatience que nous l'appréhendons...
Après une matinée de vadrouillage sans réel but, nous nous dirigeons vers le Burger King du coin. Une fois assis et restaurés, nous profitons de l'endroit pour nous refaire une petite santé à grands coups de sodas. 1h plus tard, une fois le taux de sucre remonté à un niveau anormalement haut, nous nous sentons un peu plus d'attaque.
Dans la rue, à moins d'une centaine de mètres de Durango Ciclery, un vélo est attaché devant le journal local. C'est un 3D Racing, marque locale, dont je n'ai pas entendu parler depuis des lustres. Je propose : "Ca te dirait de visiter 3D ?" mos' sourit, pas convaincu que ça se fasse, mais répond positivement.
2min plus tard, nous sommes chez Durango Ciclery. Bob nous accueille, je lui demande si 3D existe toujours et si la boîte est toujours dans le coin. "Bien sûr ! On fait appel à Chris de temps en temps pour réparer des cadres." On lui expose notre envie de visiter l'atelier et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Bob a décroché son téléphone.
1/2h et 20km plus tard, je gare l'Impala devant une maison dans un coin un peu paumé à l'extérieur de Durango. Chris Herting, l'homme derrière 3D Racing, est en train de discuter avec un client venu faire réparer son Trek de route. Il s'avère que le client est lui aussi est un singlespeeder et qu'il sera à la sortie qui aura lieu dans quelques heures. La discussion s'ouvre donc entre nous quatre sur le thème du singlespeed et du 29".
On découvre alors un artisan hyper curieux, intéressé, sans idée préconçue. Il insiste pour voir nos vélos, comment ils sont équipés et on discute technique autour de son 29" multi et de nos montures. Il nous fait part de quelques idées intéressantes, demande conseil ou des avis pour d'autres choses. Il s'intéresse à tout dans les détails, ne juge pas et demande à découvrir ce qu'il ne connaît pas.
Il nous fait visiter son petit atelier, un peu bordélique, et nous explique l'histoire de 3D. Chris Herting fait partie des fondateurs de Yeti, avec John Parker et sa femme, ainsi que Frank The Welder. Lors de la relocalisation de la marque au Colorado, Chris suit mais cela ne dure pas très longtemps.
A peine 2 ans plus tard, il crée 3D Racing. Sa réputation n'est plus à faire et il commence à souder beaucoup de cadres pour des pros, qui les rebadgent aux couleurs de leurs sponsors. Partenaire privilégié d'Easton, la marque lui confie aussi la réalisation de cadres à partir des premiers tubes alliés au scandium. Il participe au processus de développement de la série de tube et en a même l'exclusivité pendant 3 ans. Bref, un excellent soudeur dont le savoir faire est immense.
Quelques photos de la visite :
Vers 17h, nous sommes de retour dans Durango, cette fois complètement réveillés et encore sous le charme de la visite. Nous tentons de rendre visite à un autre artisan du coin : King Cages, qui fait des porte-bidons inox et titane de fort bon goût. Malheureusement, personne quand nous frappons à la porte, après nous être frayés un chemin au milieu d'un amoncellement de vélos de tous âges...
18h, nous voilà de nouveau à Durango Cyclery. n-ième visite du
shop juste avant la fermeture, c'est vraiment le magasin alternatif du coin, celui qui ne fait rien comme tout le monde et qui, forcément, nous plaît le plus.
Peu à peu, des singlespeeders arrivent. Certains habillés en coureur de XC, d'autres à l'attitude plus fashion (maillot en laine, casquette de route vintage,...) ou encore punk (jean coupé, T-shirt tuné à la bombe, lunettes de récup'). Nous sommes bien accueillis et rencontrons le créateur de vestes et gilets magnifiques qui a monté une petite marque underground, Republic of Doom. J'avais aperçu quelques gilets en vente dans un café de Fruita, c'est la surprise de trouver le créateur ici...
Nous nous élançons enfin. Un petit kilomètre de route nous donne la mesure du groupe dans lequel nous sommes. Nos 14 comparses sont quasiment tous de purs
bike punks, sautant tout ce qu'ils peuvent, dérapant à tout va et à l'attitude aggressive du style "ça passe ou ça casse." Ca promet...
La première montée nous rappelle que nous sommes en altitude. Je ne suis pas si mal que ça, mais je sens bien que je n'ai pas la marge que nos hôtes ont. Quelques kilomètres plus loin, après une descente fort sympathique, la deuxième (longue !) montée m'achève. Je monte quasiment tout sur le vélo, mais j'y laisse beaucoup d'énergie. Si bien que je serai sur la réserve pendant toute la descente finale, pourtant magnifique. Je ne suis plus lucide, pas la peine de tenter le diable...
De retour en ville, après quelques crochets pour quelques montées d'adrénaline pas piquées des vers, nous passons au shop partager quelques bières. Puis nous partons manger dans un restaurant voisin, qui a aussi une micro-brasserie. Nous passons la soirée à discuter de nos scènes singlespeed respectives. Le courant passe bien, certains aimeraient bien venir en France nous voir en 2008 et mosquitos et moi savons pertinnement que nous serons de retour à Durango s'ils organisent un jour les SSWC (comme ils en ont le projet).
Un échange de T-Shirt et de nombreuses bières plus tard, il est temps pour nous d'aller nous coucher après une soirée forte comme seul le singlespeed est capable d'en apporter. Et il est plus de 2h du matin quand finalement nous fermons les paupières, le sourire aux lèvres...
A suivre...